Coccinelles et lutte biologique
La lutte biologique a fait appel de nombreuses fois à l'utilisation de coccinelles. On peut même dire que le succès de cette méthode de lutte alternative s'est fait grâce à ce prédateur. Ainsi, à la fin du 19ème siècle, dans les vergers d'agrumes de Californie, la cochenille Icerya purchasi (Maskell) fut contrôlée de façon spectaculaire par l'introduction d'une coccinelle originaire d'Australie Rodolia (Novius) cardinalis (Mulsant). Cet exemple historique ainsi que d'autres plus contemporains tendent à prouver qu'il est possible de pallier les insuffisances de la lutte chimique de manière efficace (impacts sur l'environnement, phénomène de résistance).
Dans son siècle d'existence, la lutte biologique a pris trois formes différentes. Ces approches ont chacune un potentiel et possèdent certainement un rôle dans les efforts menés pour réduire l'utilisation de méthodes chères et néfastes pour l'environnement dans la gestion des nuisibles.
La lutte biologique classique : on fait appel à un entomophage (qui mange les insectes) ou à un agent pathogène exotique contre un ravageur précédemment introduit ou parvenu naturellement d'une autre région du globe. En cas d'acclimatation réussie et d'efficacité suffisante, la lutte biologique «s'effectue toute seule», l'auxiliaire devenant un agent efficace et permanent (sur de nombreuses années au moins) dans la répression du ravageur. (Définition de l'Organisation Internationale de Lutte Biologique). Le cas de Rodalia (Novius) cardinalis entre dans cette catégorie. Toutefois, ce type d'introduction est l'objet de nombreuses controverses du fait des possibles effets non-intentionnels sur l'environnement et les espèces natives. Dans notre cas, Harmonia axyridis (Pallas), originaire d'Asie, reste l'exemple le plus frappant.
Lâchers inondatifs : il s'agit de lâchers d'individus indigènes provenant d'élevages industriels. Cette approche a montré des résultats prometteurs dans des vergers de pommiers en Suisse et en Belgique. Les coûts des élevages en masse sont encore trop élevés aujourd'hui pour rendre les lâchers inondatifs économiquement acceptables pour les arboriculteurs. Par contre cette méthodes s'avère très efficace en serre ainsi que sur les colonies de pucerons présentes sur rosiers ou sur autres plantes de nos jardins. En grande culture, le nécessaire développement de cette stratégie implique évidemment une compatibilité accrue entre les différents procédés de lutte simultanément mis en oeuvre dans le cadre du concept de protection intégrée. Protection intégrée définie comme un système de lutte contre les organismes nuisibles qui utilise un ensemble de méthodes satisfaisant les exigences à la fois économiques, écologiques et toxicologiques, en réservant la priorité à la mise en oeuvre délibérée des éléments naturels de limitation et en respectant les seuils de tolérance (définition de l'OILB).
Modification des agroécosystèmes (terme désignant les divers milieux naturels modifiés par l'homme pour les utiliser à des fins de culture ou d'élevage intensif) : le but de cette méthode est d'attirer de manière durable les espèces locales, soit en le complexifiant soit en y ramenant une partie de la végétation d'origine. Ainsi l'utilisation de bandes fleuries dans les vergers jouerait un rôle de réservoir à coccinelles en les attirant et en les maintenant lorsque les populations de pucerons sont faibles dans les arbres. Cette méthode est prometteuse mais possède des limites en arboriculture. En effet, dans les vergers, ces aménagements font généralement augmenter le nombre de coccinelles dans la strate herbacée, mais pas dans la canopée des arbres.
L'utilisation de coccinelles dans la lutte contre les pucerons offre des perspectives intéressantes. Dans notre jardin ou dans nos vergers, les bêtes à bon dieu resterons plus que jamais un allié de choix et efficace!